L'alcool provoque-t-il la violence ?

Alcool, violence, agressivité et krav maga

Est ce que l’alcool, la violence et l’agressivité ont un lien ? Évaluer l'association globale entre la consommation d'alcool et la violence, tout en contrôlant les facteurs de confusion potentiels est il possible ? Conception, mesures, de nombreuses questions se posent depuis des années. Certains pays sont en avancent au niveau des études épidémiologiques (1) et épistémologiques (2) concernant l’alcool, la violence et l’agressivité. Le krav maga en temps que système de combat doit prendre en compte tous les facteurs et connaissances pour assurer sa sécurité personnelle.

Dans cette étude norvégienne (3), les données comprennent des séries chronologiques globales pour les périodes de 1880 à 2003 et de 1911 à 2003, sur les taux de violence criminelle et la consommation d'alcool par habitant. Les facteurs de confusion possibles comprennent :

  • le taux annuel de chômage ;
  • le divorce ;
  • le mariage ;
  • le taux de fécondité total ;
  • le produit national brut ;
  • l’aide publique ;
  • l’assistance sociale ;
  • la proportion de population âgée de 15 à 25 ans.

La consommation d'alcool est un facteur commun dans les incidents violents et un facteur de risque important pour la commission d'actes violents et la victimisation (4,5). Étant donné que la violence est un problème sociétal grave, il est très intéressant de déterminer dans quelle mesure les changements dans la consommation d'alcool peuvent influer sur les taux de violence dans une société. Les études antérieures sur l’alcool et la violence se sont principalement focalisées au niveau individuel. Celles menées dans les salles d’urgence et les enquêtes auprès de la population en général montrent que les agressions violentes sont souvent associées à la consommation d’alcool par l’auteur, la victime ou les deux. Être impliqué dans des actes de violence augmente avec la consommation d'alcool et le nombre d'épisodes de consommation excessive d'alcool (6,7). Des études expérimentales indiquent également un risque accru de comportement agressif avec l'augmentation de la consommation d'alcool, mais ces études sont peu concluantes et ne soutiennent pas l'hypothèse selon laquelle les effets pharmacologiques de l'alcool seul augmentent les actes agressifs (4,8,9).

Les mécanismes sous-jacents à la relation alcool, violence, agressivité observée sont complexes et les causes de la violence sont probablement multiples. La consommation d’alcool, et en particulier l’intoxication, peut non seulement renforcer ou déclencher un comportement agressif et augmenter le risque de victimisation avec violence, mais peut aussi réduire la probabilité d’intervention des passants lorsqu’un incident violent se produit. Une telle complexité peut être difficile à évaluer dans les études au niveau individuel. En outre, des problèmes de méthodologie, tels que les effets de sélection et l’absence de contrôle des facteurs de confusion potentiels, peuvent entraver les conclusions sur le lien de causalité entre l’association alcool et violence. Plusieurs analyses chronologiques de données ont montré qu'une augmentation de la consommation d'alcool était suivie d'une augmentation des taux de violence, de l’agressivité et inversement (10,12). Cela a également été démontré dans des études sur des expériences naturelles, par exemple des changements soudains et importants dans la consommation d'alcool dus au rationnement, à des campagnes anti-alcool et à des grèves (11,13,14).

L'alcool rend-il violent ?

La perspective structure/contrainte sociale souligne le conflit, l'oppression, l'inégalité et la marginalisation en tant que facteurs explicatifs. Les versions de l’approche des contraintes font partie de la réflexion sociologique depuis Durkheim en 1897, via Merton (15) à Robert Agnew (16) et Messner & Rosenfeld (17). Cette perspective explore la manière dont la structure sociale provoque des tensions chez les individus qui échouent en termes d'attentes sociales et les tensions qui pourraient entraîner la violence. Selon ce point de vue, le manque d'intégration sociale pourrait augmenter le risque de forte consommation d'alcool, de violence et d’agressivité.

Un autre facteur jugé important dans plusieurs études sur les homicides est la privation économique. Une privation sévère pourrait entraîner à la fois une consommation d'alcool accrue, de l’agressivité et une violence accrue (18). La pauvreté est également reconnue depuis longtemps comme un corrélat majeur de la violence (19). L'alcool peut renforcer la satisfaction immédiate tout en réduisant les considérations inhibitrices des conséquences probables des actions en cours. Une méta-analyse d'études agrégées utilisant la pauvreté et l'inégalité comme indicateurs de privation de ressources a montré que la privation de ressources est davantage associée à l'homicide et aux voies de fait qu'au vol et viol (20). Une revue de la littérature soutient également une association entre le chômage et la violence au niveau agrégé (21). Dans cette perspective, l’alcool pourrait jouer un rôle intermédiaire en plus d’avoir un effet direct, c’est-à-dire que les inégalités entraînent une consommation plus élevée qui conduit ensuite à la violence. Le divorce est une autre variable liée à l'homicide dans un certain nombre d'études antérieures (22). Le divorce peut être considéré comme un indicateur essentiel de la rupture des liens sociaux traditionnels et, lorsque les taux de divorce augmentent, tout le monde - et pas seulement les divorcés - court un risque accru d'être impliqué dans des incidents violents (23).

L'alcool est à l'origine des actes violent ?

Réalisé par l’Office fédéral de la Santé publique Suisse en 2007, près de la moitié des actes de violence, quels qu’ils soient, sont commit sous l’emprise de l’alcool. Les plus fréquents sont :

  • le tapage nocturne ;
  • les altercations ;
  • les coups et blessures ;
  • les vols ;
  • les violences domestiques ;
  • les crimes sexuels.

Même si cela ne suffit pas à expliquer le recours à la violence, l’alcool en est le principal facteur de risque. Un facteur non-négligeable d’augmentation de risque est le contexte de consommation. Le danger de violence est bien plus influent à la sortie d’une boîte de nuit ou lors d’un match dans un stade que lors d’un repas de famille. (24)

Lors de cette étude (3) les tendances des ventes d'alcool et des taux de violence en Norvège de 1880 à 2003 ont une correspondance entre les séries. La consommation d'alcool et les crimes violents ont chuté pendant la Seconde Guerre mondiale et, à la fin des années 50, la consommation d'alcool a commencé à augmenter rapidement. À la fin de 1970, les crimes violents augmentaient également rapidement. Les crimes violents sur lesquels la police à investiguer ont augmenté en nombre réel, passant de 4 000 en 1980 à 15 000 en 2001, et le nombre de condamnations pour crimes de violence est passé de 750 à 4 200 au cours de la même période. Les agressions représentaient ou constituaient la majorité des crimes violents faisant l'objet d'une enquête. Conformément, aux recherches précédentes, les changements annuels dans la consommation d'alcool ont prédit de manière significative les changements dans la violence. Les résultats ont montré qu'une augmentation de la consommation d'alcool d’un litre par an et par habitant entraînerait une augmentation moyenne du taux de violence d'environ 7 %. En ce qui concerne l'analyse multivariée de la période de 1911 à 2003, les résultats d'une analyse de corrélation des variables différenciées ont montré qu'aucune des covariantes n'étaient corrélée à la fois à l'alcool et à la violence.

Alcool: la France et des solutions

Des études antérieures au niveau global ont démontré qu'une augmentation de la consommation d'alcool est suivie d'une augmentation d’agressivité et de violence. Cependant, la plupart de ces études ne traitent que des relations à deux variables. Jusqu'à présent, l'inclusion de facteurs de confusion potentiels fondés sur la théorie pouvant modifier les estimations de paramètres n'a pas été étudiée empiriquement et la présente étude (3) s'est concentrée sur cette question. Les résultats de cette étude ont montré qu'une augmentation des ventes d'alcool par habitant d’un litre était suivie d'une augmentation des taux de violence de 8 %. Cette estimation n'a pas été modifiée lorsque les variables de confusion potentielles pertinentes ont été incluses dans les analyses, mais est restée plus ou moins identique à la même amplitude dans tous les modèle.s.

Les résultats suggèrent donc que la consommation d'alcool a un effet indépendant sur les taux de violence lorsque d'autres facteurs sont contrôlés. Cela confirme l'hypothèse d'un effet causal de la consommation d'alcool sur l’agressivité et la violence, et il apparaît que la consommation d'alcool est un facteur important lorsqu’il s’agit d'expliquer les changements dans les taux de violence au fil du temps. Il existe de bonnes raisons théoriques de s’attendre à une relation entre alcool et violence et une relation temporelle a été démontrée dans plusieurs pays (11,12). D'autre part, il convient également de noter que les analyses actuelles reposent sur des séries chronologiques, exceptionnellement longues, ce qui valide d’autant la pertinence des résultats. Les conclusions de cette étude sont conformes à un certain nombre d’études antérieures montrant que les taux de violence ont tendance à changer systématiquement avec les changements de consommation d’alcool au niveau de la population. Par conséquent, lorsque la consommation d'alcool augmente, les taux de violence tendent également à augmenter, et inversement. Ces conséquences pourraient avoir si elles le souhaitaient, des implications pour les stratégies politiques et indiquent qu'il est possible de prévenir l’agressivité et la violence dus à l’alcool en mettant en œuvre des stratégies politiques visant à réduire la consommation, dans la population.

Qu’en est il en France ? Depuis le début des années 1960, les quantités d’alcool la consommation d’alcool par habitant de 15 ans et plus en France a fortement diminué. D’après les données de la Commission européenne (ECHI), la consommation d’alcool par habitant Français était moins élevée en France en 2015 qu’en Lituanie, République Tchèque, Estonie, Roumanie, Portugal, Slovaquie, Hongrie, Royaume-Uni, Finlande et Croatie (25).

Ces stratégies et cette pédagogie pourraient comprendre une réduction de la facilité à se procurer de l'alcool. Parker (26) a suggéré que la distinction entre volonté politique de contrôle de l'alcool et politique de contrôle de la violence était artificielle et que des politiques de contrôle de l'alcool devraient être ajoutées aux approches utilisées par les décideurs souhaitant réduire les dommages causés par la violence. Il a également suggéré qu'avec une combinaison d'efforts pour appliquer les lois et réglementations existantes, les avantages potentiels seraient notables en ce qui concerne l'incidence de la violence.

Sources

(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pid%C3%A9miologie
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pist%C3%A9mologie
(3) Alcohol and violence: use of possible confounders in a time-series analysis Elin K. Bye Norwegian Institute for Alcohol and Drug Research, Oslo, Norway
(4) Roizen J. Epidemiological issues in alcohol–violence. In: Galanter M., editor. Recent Developments in Alcoholism: Alcoholism and Violence, vol. 13. New York: Plenum Press; 1997, p. 7–40.
(5) Pernanen K. What is meant by ‘alcohol-related’ consequences ? In: Klingemann H., Gmel G., editors. Mapping the Social Consequences of Alcohol Consumption. Dordrecht, the Netherlands: Kluwer Academic Publishers; 2001, p. 21–31.
(6) Cherpitel C. Alcohol and injuries. A review on international emergency room studies. Addiction 1993; 88: 923–38.
4. Rossow I. Alcohol related violence: the impact of drinking pattern and drinking context. Addiction 1996; 91: 1654–61.
(7) Wells S., Graham K., West P. Alcohol-related aggression in the general population. J Stud Alcohol 2000; 61: 626–32.
(8) Gustafson R. Is it possible to link alcohol intoxication causally to aggression and violence? A summary of the Swedish experimental approach. Stud Crime Crime Prev 1995; 4:22–42.
(9) Bushman B. J. Effects of alcohol on human aggression: validity of proposed explanations. In: Galanter M., editor. Recent Developments in Alcoholism: Alcohol and Violence, vol. 13. New York: Plenum Press; 1997, p. 227–43.
(10) Skog O.-J., Bjørk E. Alkohol og voldskriminalitet. En analyse av utviklingen i Norge 1931–82 [Alcohol and violent crime.
(11) Lenke L. Alcohol and CriminalViolence: Time Series Analysis in a Comparative Perspective. Stockholm: Almqvist & Wiksell; 1990.
(12) Rossow I. Alcohol and homicide: a cross-cultural comparison of the relationship in 14 European countries. Addiction 2001; 96: 77–92.
An analysis of the 1931–82 trend in Norway]. Nord Tidsskr Kriminalvidenskab 1988; 88: 1–23.
(13) Nemtsov A. V. Alcohol-related harm and alcohol consumption in Moscow before, during and after a major antialcohol campaign. Addiction 1998; 93: 1501–10.
(14) Rossow I. The strike hits. The 1982 wine and liquor monopoly strike in Norway and its impact on various harm indicators. In: Room R., editor. The Effects of Nordic Alcohol Policies: What Happens to Drinking and Harm When Alcohol. Controls Change? NAD Publication no. 42. Helsinki: Nordic Council for Alcohol and Drug Research. 2002, p. 133–44.
(15) Merton R. Social Theory and Social Structure. Glencoe: Free Press; 1957. 28. Hirschi T. Causes of Delinquency. Berkeley: University of California Press; 1969.
(16) Agnew R. Foundation for a general strain theory of crime and delinquency. Criminology 1992; 30: 47–87.
(17) Messner S. F., Rosenfeld R. Crime and the American Dream. Belmont, California: Wadesworth Publishing; 1997.
(18) Parker R. N. Alcohol and theories of homicide. In: Adler F., Laufer W., editors. Advances in Criminological Theory, vol. 4.New Brunswick, NJ: Transaction Publishers; 1993, p. 113–41.
(19) Loftin C., Hill R. Regional subculture and homicide. Am Sociol Rev 1974; 39: 714–24.
(20) Hsieh C., PughM. D. Poverty, income inequality, and violent crime: a meta-analysis of recent aggregate data studies. Crim Justice Rev 1993; 18: 182–202.
(21) Chiricos T. G. Rates of crime and unemployment : an analysis of aggregate research findings. Soc Prob 1987; 34: 187–212.
(22) Parker R. N., Toth A. Family, intimacy, and homicide: a macro-social approach. Victims Violence 1990; 5: 195–210.
(23) Parker R. N. The effects of context on alcohol and violence. Alcohol Health ResWorld 1993; 17: 117–22.
(24) https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home.html
(25) https://www.ofdt.fr/statistiques-et-infographie/series-statistiques/alcool-evolution-des-quantites-consommees-par-habitant-age-de-15-ans-et-plus-depuis-1961-en-litres-equivalents-dalcool-pur/
(26) Parker R. N. Alcohol and violence: connections, evidence and possibilities for prevention. J Psychoact Drugs 2004; 2: 157–63

 

20/02/2019


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