Les agressions au couteau et la self-défense réaliste

Agressions au couteau : self-défense réaliste ?

Tout le monde convient dans le milieu de la self-défense que lors d’agressions au couteau, la self-défense doit être réaliste. Afin d’adopter des méthodes réalistes de self-défense contre les agressions au couteau, il faudrait d'abord comprendre comment un attaquant est susceptible d'utiliser ce fameux couteau.

Comment est expertisé, analysé, classé et transmit cette connaissance ?

La réalité est que tout le monde compte surtout sur les autres, les experts, pour transmettre les réponses. Le problème qui se pose, c'est que l'industrie des arts martiaux et de la self-défense est toujours en proie à de très nombreuses fausses idées sur les agressions aux couteaux. Pour la simple et bonne raison que très peu d’études sur ce sujet ont été effectué. Il est même possible de considérer qu’il s’agit uniquement d’un savoir transmis de bouche à oreille, sans véritablement d’appui scientifique du type sociologique, éthologique...

Si ce n’est l’ouvrage de Don Pentecost (Knife Fighting Technique from Folsom Prison) paru en 1988, il n’y a pas vraiment de référence « sérieuse » (en lien avec la réalité) qui pourrait servir de référentiel scientifique. C'est pour cette raison qu’en 2016 Patrice Bonnafoux d’Urban fit & Fearless™ (Londres) s’est décidé à faire des recherches sérieuses sur ce sujet. Il a voulu comprendre la dynamique et la biomécanique des vraies agressions au couteau, basé sur des preuves. Grâce au développement ces dernières années de la vidéosurveillance et de la vidéo sur les téléphones, cela a permis de fournir de plus en plus de matériel vidéo dans la vie réelle.

Agression aux couteaux : réalité vs fantasmes

La self-défense contre les attaques au couteau soi-disant basée sur la réalité demeure l'une des parties les plus litigieuses des systèmes de self-défense et d’art martiaux. La réalité étant très simple : très peu de personnes ont une expérience substantielle réelle de ce type d’agression. Et parmi ceux qui ont cette expérience, encore moins sont réellement intéressés pour en parler. Ce qui manque énormément, ce sont des études exhaustives, analytiques et approfondies basé sur des faits et statistiques. Un exemple notable de ce type d'approche fondée sur des preuves est le travail de John Correia (activeselfprotection.com) d’Active Self Protection. À ce jour J .Correia a soigneusement analysé plus de 175 incidents (vols, attaques, attaques...) capturés par de la vidéosurveillance (chaîne Youtube). L'examen détaillé de vidéosurveillance d'agressions au couteau offre des leçons précieuses.

Matériel vidéo

Les données utilisées pour cette recherche ont été recueillies et compilées à partir de plus de 150 incidents de couteaux capturés sur des caméras de surveillance et de téléphones. Toutes les vidéos sont accessibles sur la chaîne de Patrice Bonnafoux : Knife Attacks (CCTV).

Agressions aux couteaux : étude analytique

71.1% des attaques de couteau sont d’abord menées avec la main vide

Le fait est que lors d'une agression au couteau, les agresseurs mènent généralement une attaque avec leur main libre, tout en gardant le couteau près de leur côté. Cela a été souligné en 1988 par Don Pentecost dans son livre. Dans les années 80, Pentecôte a simplement et brutalement brisé un certain nombre de mythes populaires et des idées préconçues sur l'utilisation du couteau dans des situations réelles. Le plus souvent (71,1% des cas) les agresseurs mèneront donc la première attaque avec leur main vide, protégeant efficacement le couteau. Comme Pentecôte l'a clairement indiqué, la main vide n'est pas inutilisée, les attaquants l'utilisent pour :

  • frapper ;
  • masquer ;
  • ou plus communément pour attraper la victime.

En effet, lorsque les agresseurs utilisent d’abord leur main libre, dans 80% des cas ils l'utilisent également pour immobiliser la victime. Cette utilisation de la main vide, également appelée bras de levier, change grandement la dynamique du combat. D'autant que la première réaction, en tant que victime, sera conditionnée par le mouvement de la main vide de l'agresseur. Une des premières leçons principale à retenir est que la plupart de ce qui est enseigné en self-défense ne peut s'appliquer dans la grande majorité des cas (plus de 70%), de la vie réelle. La plupart des agressions au couteau sont des embuscades et pas des duels face à face.

Effet de surprise

Pour des raisons évidentes, les agresseurs ne veulent pas un combat équitable, mais une proie facile, ils vont attaquer par surprise ou avec des intentions gestuelles cachées et il est probablement impossible de le voir venir.

"Les victimes qui ont survécu à une confrontation violente contre un assaillant brandissant un couteau ont systématiquement signalé qu'ils ignoraient totalement l'existence de l'arme jusqu'à ce qu'ils aient subi des coups de couteau ou des coupures. Essentiellement, ces survivants d'attaques d'armes affirment qu'ils croyaient qu'ils étaient engagés dans une sorte de combat de poing; seulement plus tard, après avoir subi des blessures, se sont rendu compte que l'assaillant était armé. "Imi Lichtenfeld

Couteau caché

Dans 80% des cas analysés, le couteau est caché jusqu'au dernier moment, jusqu'à ce que l'attaque soit lancée. Les agresseurs essais de distraire la victime, d'attendre une bonne occasion de frapper et n'hésitent pas à attaquer la victime dans le dos.

70,6% des attaques de couteau sont lancées à moins d’un mètre de la victime

Les couteaux sont des armes de courte portée, donc dans 70,6% des agressions au couteau sur le matériel utilisé commencent à distance de conversation (moins d’un mètre). Il est important, cependant, de souligner qu'à moins d'un mètre signifie, que cela laisse très peu d'espace et de temps pour réagir. Un tel écart entre la réaction et l’action signifie qu'il est presque impossible d'arrêter le premier coup. C'est pourquoi il est si important de maintenir la distance et de garder le contrôle de l'espace lors d’une confrontation. Comme les agresseurs utilisent si souvent avec leur main libre (généralement la gauche), les victimes finissent par être poignardées dans le cou, ou au côté gauche la poitrine (au niveau du cœur).


Les attaques aux couteaux sont rapides et acharné

Une autre conséquence de ces attaques proches est que les victimes ont très souvent tendance à tomber alors qu'elles se déplacent vers l'arrière en essayant d'échapper à leur agresseur. C'est le cas dans 55% des cas analysés : cette façon de charger une victime en avançant à être décrit par Don Pentecost comme une méthode courante d’agressions aux couteaux en prison. Dans son livre controversé à l’époque, Pentecôte soulignait, aussi évident que cela puisse paraître aujourd'hui, que quand quelqu'un attaque avec un couteau, il essaie de tuer. Il ne se retiendra pas et il s'engage avec une détermination impitoyable, dans le but de submerger sa victime et de causer des dommages maximums, le plus rapidement possible et par tous les moyens nécessaires.

Les agressions aux couteaux ne durent pas longtemps


La durée moyenne pour les agressions aux couteaux, à partir du moment où l'attaque est lancée jusqu’au moment où elle s'arrête, est en moyenne de 23 secondes. "Le temps d'une attaque de couteau est habituellement très court. "Il ne dépasse pas quelques secondes" Don Pentecost. Le temps médian est de 14 secondes, ce qui signifie que la moitié des attaques durent 14 secondes ou moins. Mais 80%s de toutes les agressions étudiées durent moins de 32 secondes : une forte augmentation en nombre de coups de couteau est constaté jusqu'à 23 secondes indiquant que la plupart des attaques (70%) durent 23 secondes ou moins.

Après ce temps, la courbe commence à s’aplatir et atteint 90% à 59 secondes. Il est intéressant de noter que bien qu'il faille 9 secondes pour une augmentation de 10% à 80%, il faut 27 secondes pour compléter 10% et atteindre 90%.

  • cela signifie que si une agression au couteau dure 23 secondes, il y a une probabilité qu'elle ne dure que 9 secondes de plus.
  • mais une fois qu'une agression au couteau atteint la marque de 32 secondes, il y a une probabilité qu'elle dure 27 secondes supplémentaires.

En d'autres termes, si une attaque de couteau dure plus de 32 secondes, il est plus probable qu'elle durera beaucoup plus longtemps.

Nombre d'agressions aux couteaux en fonction du temps

Il y a un pic dans le nombre d'agressions autour de 7 secondes avec 25,2% de toutes les attaques entre 5 et 10 secondes, et la moitié de toutes les attaques ont une durée de 14 secondes ou moins. Maintenant, ce que ce point de bascule semble indiquer, c'est que s'il est possible de conserver sa distance pendant 7 secondes lors d'une agression, l'agresseur est plus susceptible d'abandonner.

La peur d'être pris est probablement un facteur important qui maintient la durée des coups d'attaque très courts. De toute évidence, plus une attaque est longue, plus il est probable que quelqu'un, y compris la police intervienne. À cet égard, il est intéressant de noter que 55,9% de toutes les attaques sont arrêtées par l'intervention d'un tiers.

À partir de 7 secondes, le nombre d'attaques diminue fortement pour atteindre un minimum d'environ 45 secondes, puis remonte. Ce que cela démontre c'est qu'il y a un deuxième point de basculement autour de 45 secondes, après quoi une agression au couteau aura tendance à durer beaucoup plus longtemps. Le plus souvent 14 secondes supplémentaires. Plus de la moitié des attaques sur-45 secondes durent entre 53 et 66 secondes.

Bien qu'il soit difficile d'inférer toute preuve solide sur un si petit nombre de cas, il semble que les occurrences d'intervention de tiers soient beaucoup plus faibles dans le groupe de plus de 45 secondes qu'en général. En d'autres termes, ces attaques ont duré plus longtemps parce que personne n'est intervenu. Sans surprise, les agressions des personnes qui ne se soucient pas d'être pris, semblent également être concentrées dans ce groupe.
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