Comment faire pour éviter de se faire agresser

Comment éviter de se faire agresser

Le modèle théorique pour éviter de se faire agresser est simple mais d'un grand niveau de généralité. Pour pouvoir répondre correctement il faut au préalable répondre à la question suivante : quelles sont les conditions nécessaires à la perpétration d'une agression.

 

Il faut que soient réunis aux minimums trois éléments :

  • un agresseur potentiel, c'est-à-dire une personne qui est portée à l'agression et qui en est capable ;
  • une cible intéressante pour l’agresseur ;
  • l'absence de gardien capable de prévenir l'agression.

Un facteur rassurant dans la prévention afin d'éviter de se faire agresser est qu'il suffit qu'une seule de ces conditions ne soit pas remplie pour que le crime n'ait pas lieu. A contrario, tout ce qui contribue à faire converger à un moment et en un lieu donné ces trois éléments, contribue à augmenter le taux de probabilité de criminalité de façon exponentiel.
 
À quelles conditions une personne paraîtra-t-elle intéressante pour un agresseur ?
 
La valeur
 
C’est la faculté de satisfaire le désir ou le besoin du potentiel agresseur. C'est l'utilité au sens large du terme de cette cible à ses yeux :

  • sa rentabilité (valeur monétaire) ;
  • sa valeur de revente dans le cas de vol ;
  • l'attirance qu'elle exerce (attirance sexuelle...);
  • l'usage qu'il peut en faire.
  • valeur symbolique ;
  • etc...

La valeur d'une cible dépendra également spécifiquement des intérêts des désirs, des besoins, des fins de chaque agresseur. Les fins que poursuit un voleur potentiel peuvent varier :

  • l'expédient ;
  • la possession ;
  • l'utilité ;
  • la convoitise ;
  • le vol ;
  • la fête ;
  • etc...

La visibilité

Tout ce qui facilite dans l'environnement le repérage de la personne par l'agresseur potentiel.

L'accessibilité

Ce qui permet à l’agresseur d'entrer en contact avec la cible (l'environnement et ce qui favorise son entrée et sa fuite). Plus les cibles sont accessibles aux agresseurs potentiels, plus ceux-ci auront d'opportunités. Une cible est accessible quand l’agresseur peut entrer en contact avec celle-ci avec le minimum de déplacement et le maximum d’opportunité de fuite.
 
La vulnérabilité
 
Elle se définit par l'absence de risque pour l’agresseur. Une cible est vulnérable quand la dangerosité encourue en tentant de se l'approprier est relativement basse. La vulnérabilité varie en raison inverse du risque d'être arrêté, emprisonné, blessé ou tué.
La vulnérabilité d'une cible est affectée par quatre facteurs principaux :

  • la présence de la victime ;
  • la capacité défensive de cette victime ;
  • les difficultés de fuite ;
  • la surveillance de tiers. (gardiens)

L'inertie
 
Tout ce qui rend la cible potentielle plus ou moins difficile à déplacer :

  • type d'objet volé ;
  • la capacité de résistance de la cible;
  • etc...

Analyse sociétale de l’évolution de la criminalité
 
Il a été démontré de nombreux liens entre un grand nombre de facteurs sociodémographiques. Donc, selon les statistiques de victimisations :

  • les personnes sont moins souvent victime de violence à leur domicile où dans ses environs immédiats que partout ailleurs ;
  • les travailleurs sont plus touchées que les retraités ;
  • les personnes qui à cause de leur âge ou de leur statut, passent plus de temps que les autres hors de chez eux sont plus souvent touchés par la criminalité ;
  • les jeunes adultes et les adolescents sont plus souvent victimes de la criminalité que les personnes âgées;
  • les célibataires le sont plus que les gens mariés. Ils sont plus susceptibles de sortir de chez eux en s'exposant eux-mêmes et en laissant leurs biens sans surveillance.
  • le taux de victimisation de ceux qui sont les seuls adultes à la maison n'est presque deux fois plus élevé que celui des gens qui vivent avec un ou d'autres adultes.

Les stratégies de l’agresseur
 
Quelles sont les circonstances dans lesquelles se produit une agression et qui la rendent possible ? Pour réaliser son méfait, l’agresseur doit entrer en contact avec une personne susceptible de le satisfaire. Dans certains cas, il ne trouvera rien malgré toutes ses démarches et devra rentrer chez lui bredouille. Ce qui signifie :

  • que l'occasion et l'opportunité ont un rôle déterminant à jouer dans une agression ;
  • que la prévention peut influer de manière significative.

Mieux le connaître pour mieux anticiper
 
L’acte délictuel doit être vu comme une décision influencée par ses résultats anticipés et non comme l'effet d'une cause quelconque. Ceci conduit à concevoir l’agresseur comme un individu actif et stratégique qui profite des opportunités qui s'offrent à lui pour maximiser ses gains. Le délit se retranscrit comme le fruit d'une démarche rationnelle et encore une fois stratégique.
 
Malgré toutes réflexions d’organisations l’agresseur :

  • fait des erreurs de jugement ;
  • il raisonne à très court terme;
  • il perçoit sélectivement l'information disponible
  • il l'analyse sommairement.

Il est plus aisé de comprendre son mode de fonctionnement, quand on présuppose qu’il fera de toute façon une estimation fugace des avantages et des inconvénients de son action quand il est sur le point d'agir.

Le gardien
 
L'absence ou la présence de gardiens capables d'empêcher un acte délictuel est une dimension très importante pour éviter de se faire agresser.
Le gardien peut représenter :

  • le groupe (personnes connues et pas la foule) ;
  • les lieux éclairés ;
  • la seule présence de témoins (commerçants, voisins...) ;
  • la présence de vidéosurveillance ;
  • l’attention lucide envers son environnement ;
  • un chien ;
  • etc...

Tout en sachant qu’aucun gardien n’est 100% fiable et ne peut prétendre amener la sécurité absolue, il préférable de les multiplier.
 
Le climat sociétal et la promiscuité des villes modernes dissuadent depuis maintenant longtemps les gens d'intervenir face à des agissements suspects ou délictuels. L'anonymat, la peur, l'indifférence à l'autre, l'encouragement à ne pas se mêler des affaires d’autrui, augmentent notre vulnérabilité face aux agressions. Lors d'une expérience menée dans plusieurs villes américaines, un comparse force la porte d'un véhicule et y vole une caméra et d'autres objets. La conclusion a été que seulement 3% des personnes qui ont assisté au vol sont intervenu. Le fait que le voleur a été une femme n’a pas changé sensiblement les résultats.
 
Conclusion
 
Comment éviter de se faire agresser et savoir identifier les signes d’alerte pour anticiper les risques de passage à l’acte ? C’est simplement par une meilleure connaissance (rendre la valeur le moins visible possible), une meilleure conscience (l'accessibilité), une meilleure lucidité de son propre environnement et la pratique régulière d’un système complet de défense personnel (la vulnérabilité) comme le krav maga.
 
Source :
 
“L'analyse stratégique  et quelques développements récents en criminologie” Maurice CUSSON Professeur à l’École de Criminologie Chercheur, Centre international de Criminologie comparée, Université de Montréal. (1986)


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